Olivier Père

General Director - ARTE France Cinéma
France

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FilmYearDirector
La Règle du jeu1939Jean Renoir
The Searchers1956John Ford
Sunrise A Song of Two Humans1927F.W. Murnau
Le Mépris1963Jean-Luc Godard
Barry Lyndon1975Stanley Kubrick
M1931Fritz Lang
Ugetsu Monogatari1953Kenji Mizoguchi
Persona1966Ingmar Bergman
Death in Venice1971Luchino Visconti
Ivan the Terrible1945Sergei M. Eisenstein

Comments

M

1931 Germany

M est l’histoire d’un tueur en série, assassin de petites filles, mais c’est aussi le portrait d’une société en crise, à la recherche d’un bouc émissaire, pour se purger de sa propre violence. La rigueur implacable de la réalisation de Lang, véritable architecte de la mise en scène, est enrichie par le son, technique alors balbutiante dont le cinéaste fait un usage d’une inventivité et d’une maîtrise absolues.

[M is the story of a serial killer, a murderer of little girls, but it is also the portrait of a society in crisis, in search of a scapegoat, to purge itself of its own violence. The implacable rigour of the production by Lang, the veritable architect of mise en scène, is enriched by sound, a technique then in its infancy which the filmmaker uses with absolute inventiveness and mastery.]

Ugetsu Monogatari

1953 Japan

A travers plusieurs histoires dramatiques ou fantastiques dans la société féodale nippone (empruntées au recueil de nouvelles de Akinari Ueda mais aussi à Maupassant), Les Contes de la lune vague après la pluie est un film sur la condition humaine d’une puissance et d’une justesse incomparables. Kenji Mizoguchi y aborde ses thèmes de prédilection: la violence sociale et naturelle, la prostitution, la condition féminine, la lutte de l’homme contre ses propres démons et les obstacles extérieurs. Le cinéaste fustige la course effrénée au profit, la folie guerrière, les rêves de gloire factice. Mizoguchi sublime le courage, l’abnégation et la sagesse de ses personnages féminins soumis à l’égoïsme, la vanité et la faiblesse morale des hommes.

Persona

1966 Sweden

Film sur la schizophrénie, le combat entre l’intellect et l’affectif, le masque (« persona ») et l’âme (« Alma », prénom de l’infirmière interprété par Bibi Andersson), Persona est surtout un gouffre vertigineux aux interprétations multiples qui s’ouvre avec le prologue le plus sidérant de l’histoire du cinéma, pure poème visuel d’une dizaine de minutes dans lequel se chevauchent images subliminales de terreur enfantine, de mort et de sexe, de religion et de rituel cinématographique, comme si Bergman expulsait ses cauchemars et ses phantasmes de son inconscient pour les fixer directement sur la pellicule.

[A film about schizophrenia, the fight between the intellect and the affective, the mask ("persona") and the soul ("Alma", first name of the nurse interpreted by Bibi Andersson), Persona is above all a dizzying abyss with multiple interpretations which opens with the most staggering prologue in the history of cinema, a pure visual poem of about ten minutes in which subliminal images of childish terror, death and sex, religion and cinematographic ritual overlap, as if Bergman expelled his nightmares and fantasies from his unconscious to fix them directly on the film.]

Death in Venice

1971 Italy

Mort à Venise, au-delà de la méditation sur l’art, la beauté et la vieillesse qu’il propose, est un essai cinématographique sur le regard et le désir, quasiment dénué d’action. Nous sommes au cœur de la dimension expérimentale du cinéma de Visconti, qui approche ici un équivalent du style sensualiste de Proust à l’écran, à une époque où il travaillait à l’adaptation de A la recherche du temps perdu.

[Death in Venice, beyond the meditation on art, beauty and old age that it offers, is a cinematographic essay on the gaze and desire, almost devoid of action. We are at the heart of the experimental dimension of Visconti's cinema, which here approaches an equivalent of the sensualist style of Proust on screen, at a time when he was working on the adaptation of In Search of Lost Time.]